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Extrait d'un livre de bord trouvé sur le sable :
"La différence de température entre la nuit et le jour fait naître un brouillard sur l’océan. Le vent n’est pas assez puissant pour le chasser, et ainsi il y a fort à parier qu’il ne poussera pas non plus la HORDE. Pourvu qu’elle reste dans ce brouillard !
Pourtant les rapports sont formels : la HORDE arrive ! La seule chose que l’on ignore est : quand ?
Ce brouillard va certainement les retarder. Pourtant il ne fait pas notre affaire. Pour y voir quelque chose il faut véritablement tendre l’œil et plisser les oreilles. Et il faut faire fi des clapotis de vagues sur les rochers.
La HORDE arrive. Mais quand ? Si seulement elle pouvait se perdre dans le brouillard comme mon courage se perd au fond de mon pantalon…
Qu’est-ce que c’est ??? Ce bruit ???
Non…juste les chaînes du port qui dansent avec les vagues et leurs amarres.
Et là ??? Cette ombre ??? Un mat ?
Non… juste deux oiseaux qui sortent de la brume. Aussi perdus que nous.
Pourtant la HORDE arrive et elle peut surgir du néant d’un instant à l’autre. Tel un démon…
Mais les Démons ont des noms. Et si vous le prononcez, il doit vous obéir. Il n’en va pas ainsi pour la HORDE. Rien ne l’arrêtera. Pas même nos tours et nos canons, aussi puissants et solides soient-ils. Ca non, ils ne tiendront pas. Si nous sommes vaillants, nous les retarderons. Mais rien de plus…
La HORDE arrive…
Heureusement nous avons pu mettre les femmes et les enfants en sécurité. Les vieillards par contre nous portent de la poudre et de l’eau lors du combat. Ils ne pouvaient pas partir. Et nous non plus. Pourquoi ? Pour défendre ce qui sera sous peu un tas de cendres ? Pour freiner une lame de fond ? Pour l’honneur ?
Tout est risible quand on est planté là, à attendre. La HORDE. Dans le brouillard et dans le froid.
Lorsque soudain je vois une ombre certaine sur les flots. Une première coque se déssine, Puis une seconde. Puis une troisième et une autre. Puis d’autres, et d’autres encore, et d’autres de plus. Mon Dieu ! Ils sont là !!!
La HORDE arrive ! Je tire mon sabre en tremblant de tout mon bras quand je hurle
-La HORDE est là ! Feu à volonté ! Sonnez l’alarme ! Activez les défenses !
Puis le premier coup de canon est tiré. Je crois que c’est nous qui avons ouvert le feu sur cette armada qui s’apprête à débarquer. Et déjà le vois le pavillon de Marmitton, accompagné du pavillon rouge : pas de quartier !
Soit !
-A l’attaque ! je hurle à mes hommes dans le brouillard…
...
Les choses sont allés très vite… c’est normal quand 1300 navires affrontent 1500 tours (en réalité on aurait parlé de 30 navires pour 45 tours…) s’affrontent sans pitié !
Nos premières salves ont coulé les premiers navires à l’entrée du port. A notre grande joie.
Par contre, ce que nous ne savions pas, c’est que ce fut compris dans les plans de Marmitton. Les navires suivants utilisent les coques des navires coulés contre la chaîne du port pour briser le tout. Les coques renforcées de la seconde ligne écrasent les coques des navires coulés, et c’est ainsi qu’ils arrivent à briser les chaînes des ports. Cela coûte cher, mais ça marche… Et ils débarquent.
On dirait qu’un volcan entre en éruption : les coups de canons nombreux, consécutifs et incessants des deux côtés font trembler l’air et l’emplissent de fumée, tel que le ferait un volcan.
La bataille est féroce. Elle est sanglante. Mais peu importe combien de navires nous coulons, il y en a encore. Et encore. Et encore. Autant que le débarquement se fait finalement sur les restes de navires, bien plus que sur la plage. Le mer est rouge, le ciel est rouge, l’avenir est rouge… Les premiers corps à corps sont puissants, sanglants, mortels… Le rouge gagne la plage. Puis le premier bâtiments s’enflamment. Puis les autres. Pendant que les dernières tours tombent et que la terre du village passe à l’ocre…
Ce n’est qu’à contre-cœur que je me laisse entraîner plus loin, dans les collines.
-Nos frères, nos amis… je hurle
Mais il est trop tard. Et il est inutile de lutter. Il y a fort à parier que les hommes qui m’ont emmenés de force m’aient sauvé la vie… « Battre en retraite n’est qu’une défaite » m’a dit un jeune qui me tirait par le bras.
J’entends les détonations et le crépitement des flammes, ainsi que les hurlements de combat encore bien après que nous ayons quitté le champ de bataille. J’entend aussi les hurlements de joie des marins pilleurs qui se délectent de leur maigre butin. Mais c’est un butin quand même…
Ayant rejoint les femmes et les enfants avec les quelques hommes qui ont survécu, je me blottis près du feu dans les bras de ma compagne pour trouver un peu de réconfort. Et soudainement je sursaute, car voici ce que je décide :
Marmitton, je reviendrai !"
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